LE ROMAN:
Germain, quarante cinq ans, "cent dix kilos de muscles et pas un poil de graisse, un mètre quatre-vingt-neuf sous la toise, le reste à l'avenant", est inculte, pas très futé mais pas débile pour autant. Toute son enfance, il a manqué de signes démonstratifs d'affection. A l'école, le maître le traitait comme un abruti et prenait plaisir à l'humilier. Très tôt, donc, il a renoncé aux études, à l'amour. Il exerce des petits boulots, est très habile de ses mains et aime tailler le bois avec son Opinel. Après une cohabitation difficile avec sa mère, Germain a choisi de vivre dans une caravane.... au fond du jardin où il cultive ses légumes.
Un jour, dans le parc, il fait la rencontre de Marguerite, une petite vielle qui passe son temps à compter les pigeons. Ce détail le touche; débute alors un timide rapprochement. Presque tous les jours, ils se retrouvent sur le même banc et discutent. De suite, Marguerite lui apparaît épatante, érudite, pleine d'éducation mais qui n'en étale pas. Elle est douce, l'écoute et commence à lui apporter des livres. Germain n'ose pas lui avouer qu'il n'aime pas ça (parce qu'il ne sait pas), par contre il prend plaisir à l'écouter lui faire la lecture à voix haute. Et de fil en aiguille, il imprime et se passionne, en redemande.
Depuis sa rencontre avec Marguerite, les choses ont bougé dans la vie de Germain. Il réfléchit beaucoup, il pense à sa mère, à ses potes de boisson, à sa petite copine Annette, à son père qu'il n'a jamais connu et à son manque de culture. Ce n'est pas qu'il se sent bête, mais floué de n'avoir pas reçu le décodage. Les heures passées à écouter Marguerite lui apprennent la puissance des mots, la liberté que cela offre et toutes les ouvertures possibles.
Une petite merveille qui sonne toujours juste, une naïveté qui fait du bien dans ce monde de brutes, et un livre qui parle des livres et de ceux qui n'en lisent pas (ou ceux qui parfois en lisent trop), de manière touchante, et tellement vraie. Parce que les livres c'est avant tout le plaisir, la découverte, et que les grands principes stylistiques, éthicopsycho-machin, c'est parfois mieux sur les étagères des autres...
L'AUTEUR:
Marie-Sabine Roger est née en 1957. Cette bordelaise d'origine vit aujourd'hui dans le sud de la France. Après avoir été enseignante en maternelle, elle a, depuis 1999, décidé de se consacrer entièrement à sa passion qu'est l'écriture et d'en faire son métier. Et elle est productive puisqu'elle a déjà a son actif une centaine de textes.
Marie-Sabine Roger a plutôt l'habitude d'écrire pour les enfants et adolescents. C'est d'ailleurs une auteure connue et reconnue dans le monde de la littérature de jeunesse. Elle a écrit quelques livres pour les adultes mais il restent assez rares. La tête en friche s'adresse plutôt aux adolescents et aux adultes.
LES THÈMES:
-Relations entre les "jeunes" et les "vieux".
-Tolérance, respect, compréhension et attention envers les illettrés, incultes: parcours de Germain (histoire d'un"laissé pour compte").
-Importance du savoir dans la société: qu'est ce qui change dans la vie de Germain après sa rencontre avec Marguerite.
CITATIONS:
"Si être intelligent, c'était une question de volonté, je serais un génie je peux dire. parce que j'en ai fait des efforts. J'en ai fait! Mais c'est comme si je voulais creuser une tranchée avec une cuillère à soupe. Tous les autres ont des tractopelles, et moi je suis là comme un con. C'est le cas de le dire."
"Ce qu'ils mettent au dos des romans, je vais vous dire, c'est à se demander si c'est vraiment écrit pour vous donner l'envie. En tout cas, c'est sûr, c'est pas fait pour les gens comme moi. Que des mots à coucher dehors - inéluctable, quête fertile, admirable concision, roman polyphonique...-et pas un seul bouquin où je trouve écrit simplement: c'est une histoire qui parle d'aventure ou d'amour -ou d'Indiens. Et point barre, c'est tout."
"Au début je trouvais Marguerite marrante (...) et petit à petit je me suis attaché à elle par surprise. L'affectation grandit sous cape, ça prend racine malgré soi et puis ça envahit pire que du chiendent. Ensuite c'est trop tard: le coeur, on ne peut pas le passer au Roundup pour lui désherber la tendresse."
"Quand je regarde Marguerite, c'est drôle je ne vois qu'une toute petite mémé de quarante kilos, fripée comme un coquelicot, le dos un peu cassé et les mains qui breloquent, mais, dans sa tête, elle a des milliers d'étagères de livres, tous bien rangés, numérotés. Et ça ne se voit pas qu'elle est intelligente. Enfin qu'elle l'est à ce point là. Elle me parle normalement, elle se promène au parc, elle compte les pigeons, comme dont les personnes ordinaires."
Cet atelier sera animé par Frédérique et Lorène.
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